JIPH 2015 - Mémorandum de PHARE International, CAJE et l'AEEHB


Etat des lieux

Les Personnes Handicapées représentent aujourd’hui 10% de la population dans le monde selon l’OMS, soient plus de 1,7 millions au Burkina-Faso, issus de tous les milieux sociaux qui composent la société burkinabè. Elles ont en commun la volonté de se saisir de tous les outils à leur disposition pour s’émanciper notamment le droit et les manifestations diverses, choisir leur propre vie et participer au bon fonctionnement de la société.

Mais sur cette route, les obstacles sont nombreux et les mauvaises expériences et pratiques changent peu à peu l’enthousiasme de cette couche sociale. En particulier, le diplôme est resté la meilleure protection contre le chômage mais ne suffit plus, de nos jours, à garantir à chaque jeune handicapé de s’élever socialement sans des mesures réduisant l’inégalité.

Les rigidités des reformes qui lestent l’ascenseur social et creusent les inégalités  entre les jeunes et tendant à exclure les jeunes handicapés dans les programmes, politiques de développement du Gouvernement, se situent à plusieurs niveaux. Le premier est l’accès au diplôme qui, loin de se démocratiser est devenu de plus en plus inégalitaire : la part des élèves et étudiants handicapés  issu des milieux pauvres ou couches sociales modestes ont diminués.
 Ensuite la reconnaissance de leurs diplômes sur le marché du travail ne suffit plus pour accéder à un poste d’emploi, le physique étant la norme. Enfin, le manque ou la non effectivité des lois et Conventions signées pour protéger et promouvoir les droits des Personnes Handicapées.

Aucune politique ambitieuse en faveur des personnes handicapées n’a pu été mise en place depuis 25 ans tandis que  le nombre des personnes handicapées augmente. Le  Gouvernement de la Transition n’a pas pu mettre en place un mécanisme permettant aux personnes handicapées d’être autonomes : pas de financement pour la création des microentreprises, pas de bourses d’études, de formation, pas d’emploi ni d’incitation à le faire, le seul logement dédié aux étudiants handicapés retiré par le bailleur. Bien que les personnes handicapées aient été présentées à raison comme l’une des couches les plus vulnérables, aucun chemin clair n’a jusqu’à aujourd’hui  été tracé pour relancer l’ascenseur social.
C’est dans cette perspective que PHARE International, CAJE et l’AEEHB publient aujourd’hui ce mémorandum des Personnes Handicapées.

Les 11 exigences des Personnes Handicapées qui constituent cette plateforme ont toutes en commun de s’attaquer aux principales causes de la reproduction sociale pour ouvrir la voie à une amélioration concrète de la situation à l’horizon 2020. Chacune des onzes revendications, cible une injustice ou une incohérence qui laisse parfois livrés à eux-mêmes des centaines de milliers d’enfants, de jeunes, d’adultes et de parents handicapés sans voix et sans droits dans une société sourde a leurs cris de cœur.

La publication de cette plateforme revendicative doit ainsi remplir deux objectifs. D’abord, elle doit permettre aux Personnes Handicapées de se saisir des enjeux concrets qui sous-tendent le débat national pour faire leur choix à partir de critères qui correspondent directement à leurs préoccupations quotidiennes.

Ensuite, elle permet d’envoyer un message clair au Nouveau Gouvernement élu: les Personnes Handicapées attendent des réponses immédiates et seront des acteurs à part entière du prochain mandat. On ne veut plus tendre la main, on veut participer conforment au dicton chinois : au lieu de donner chaque fois du poisson à quelqu’un, mieux vaut l’apprendre à pécher. C’est donc dès la fin de novembre 2015 et sur la base de ces revendications, claires et connues de tous, que le prochain gouvernement devra rendre des comptes aux Personnes Handicapées.

Ce n’est donc pas une confiance aveugle qui a guidé les Personnes Handicapées le 29 novembre 2015 pour faire leur choix, mais la certitude que le futur Président de la République aura à répondre de ses décisions, quelques mois après son élection.

Face à l’accroissement du chômage et à l’indifférence de l’ancien Gouvernement vis-à-vis des problèmes qui minent cette frange de la population, nous réclamons ci-dessous :

Les Droits Fondamentaux
Droit à l’éducation, la culture et la formation.    
1.    Création immédiate d’un Fonds Spécial d’autonomisation dédié aux personnes handicapées.

Ce fonds permettra de soutenir 10 000 étudiants et élèves ainsi que les adultes handicapés diplômés ou non, sous forme de bourses d’études, de formation et de financement des projets, dans la perspective de la création d’une allocation d’autonomie à l’horizon 2020.

Ils bénéficieront d’un accompagnement financier et seront fiscalement indépendants. Ils ne seront plus une charge ni pour la société, ni pour leurs parents. Le choix de l’autonomie se pose à l’ensemble des personnes handicapées : physique, auditif, visuel, mental. L’autonomie c’est faire ses propres choix de vie, pour une formation choisie, financée et possible tout au long de la vie, se donner les moyens de réussir les études, la formation, le travail ou créer l’entreprise  de son choix, commencer à se construire soi-même et à construire son avenir.

Le fonds spécial d’autonomisation permettra aussi de payer les matériels nécessaires adaptés à chaque type de handicap en fonction des besoins et des régions. Pour sa levée on demandera le concours des OIG, ONG, Ambassades, Entreprises publiques ou privées, les sanctions civiles (dommages et intérêts que le coupable doit à la société, le service public pour le coupable), ressources minières, Budget National….

Nous revendiquons un plan pluriannuel de financement d’autonomie sur 5 ans et évaluer chaque année.
Droit et accès à un emploi décent   

2.    L’effectivité immédiate du quota d’emploi des 10% des postes aux concours de la Fonction Publique et les entreprises ou établissements publics contenu dans la loi Portant protection et promotion des droits des personnes handicapées adoptée le 10 avril 2010 et de ses décrets d’application de 2012. De même que les 5% de postes dans les entreprises privées prévu dans le décret de 2009.                                                                                                                                                                           
Aux concours directs de la Fonction Publique session 2015 au Burkina Faso, l’Etat devait recruter 9.773 agents et si nous appliquons le taux ci-dessus, cela donne 977,3 postes à pourvoir qui devait revenir légitiment aux personnes handicapées et que les personnes dites valides occupent illégalement et en toute impunité cette année. Depuis 2010 donc, il y a à peu près plus de 1000 postes/ an, qui sont continuellement occupés illégalement et illégitiment, par des personnes en principe qui n’ont pas droit que ce soit dans la Fonction Publique ou dans les entreprises privées et établissements publics. C’est une injustice qui doit immédiatement cesser.

Droit à la protection contre les violations des droits des personnes handicapées.

3.    La création dans chaque région d’un bureau des droits des personnes handicapées et dont les agents seront recruter par l’Etat et composé au minimum par moitié de personnes handicapées. Il sera l’instance de promotion, de protection des  droits des personnes handicapées. Il surveille, suit l’effectivité de ses droits sur le terrain. Il a donc un rôle de veille, de recours et de conseils.      
                             n
4.    Recrutement dans chaque Mairie, Gouvernorat des Conseillers en accessibilité chargé de suivre les projets de constructions de bâtiments publics et la voirie afin qu’ils tiennent compte des personnes handicapées et, la prise en compte des personnes handicapées dans le programme et politique de développement.                      n

5.    Recrutement de conseillers spéciaux au niveau de chaque ministère et a la présidence du Faso dont le rôle est d'élaborer, de suivre, et d’évaluer tous les projets en faveur des personnes handicapées ainsi que de conseiller le (la) Président(e) du Faso.
C’est de voir si c’est projets ont pris en compte les personnes handicapées en termes d’impacts et surtout dans le cadre de l’amélioration de leurs conditions de vie.
 Le but est de dire à tout bailleur ou entreprises ou encore les organismes de tout genre, qui désirerait s’implanter au Burkina-Faso, intègre et de façon tout aussi lisible que claire, le volet handicap en tenant compte de la Convention des Nations-Unies Relatives aux Droits des Personnes Handicapées dont le Burkina-Faso a signé le 23 mai 2007 et ratifié le 23 juillet 2009 sans réserves.

Droit à se loger décemment.

6.    Prise en compte des personnes handicapées lors des programmes d’octroi de parcelles dans le cadre des lotissements et de construction des logements sociaux en termes de quota.

Droit à se déplacer

7.    Les transports publics comme privés doivent être adaptés et accessible à tout type de handicap. La gratuité pour le transport collectif à proximité.
Doter les  personnes handicapées en matériels roulant et surtout faciliter l’échange international avec les autres pays afin de trouver des solutions à la mobilité.

Droit et devoir de participer à la gestion collective et à la vie de la Nation

8.    Participation des personnes handicapées sur le triple plan national, régional et international à chaque fois qu’il y a des colloques, sommets ou rencontres dont le thème abordé concerne le handicap. Aussi permettre aux personnes handicapées d’accéder à des postes de responsabilité et de décision au sommet de l’Etat et dans les ONG, OIG…     
                                          n                                                           
9.    Nous réclamons le détachement des problèmes des personnes handicapées du Ministère de l’Action Sociale et la création d’un ministère spécial pour les question du handicap ou bien faire en sorte que chaque ministère prenne en compte le volet qui le concerne a la faveur de l’inclusion tant prônée: éducation=Ministère de l’Education ; emploi=Ministères emploi, formation, fonction publique ; santé=Ministère de la santé….. La transversalité des problèmes des personnes handicapées fait que tous les domaines sont touchés et chaque ministère doit résoudre le volet qui le concerne.

Il est important de rééquilibrer le personnel du Ministère de la Promotion de la Femme et du Genre en tenant compte du recrutement des personnes handicapées dans les plus bref délai, dans le cas contraire, nous souhaiterions que l’on supprime le mot « Genre » et le remplacer par autre chose. Car aux regards de sa définition, les personnes handicapées font partie de ce groupe et pourtant ce Ministère ne répond pas à nos aspirations d’inclusion, d’intégration et de participation.

Le S.P COMUD Handicap doit suivre les mêmes reformes d’inclusion des personnes handicapées. La moitié du personnel doit être au moins des personnes en situation de handicap. Il en va de même de la Direction de la Promotion et de la Protection des Personnes Handicapées (DPPH), car nous avons aujourd’hui des personnes handicapées qui  ont les capacités, les compétences et l’expérience nécessaires pour diriger et défendre l’intérêt de cette couche sociale.

Les associations de/et ou des personnes handicapées doivent être outillée, soutenue avec des financements ou dotation conséquent afin qu’elles puissent réaliser leur objectifs. Leur rôle est d’accompagner l’Etat et d’attirer leur attention sur les priorités que les politiques devraient mettre l’accent.

Droit à la Visibilité, mobilisation et à la reconnaissance
10.    Accès aux medias pour couvrir pas seulement les activités de personnes handicapées mais aussi jouer un rôle de veille permettant de dénoncer les cas de violation de la loi et par-dessus tout montrer les bonnes pratiques,
Organisations des manifestations diverses partout au Burkina Faso avec une implication de la Présidence du Faso (discours télévisé) lors de la journée internationale, fêter tous les 3 décembre de l’année. Il faudra aussi décorer toutes les personnes handicapées qui se serait fait remarquer ou distinguer au cours de l’année.

11.    Nous, coalition d’organisations œuvrant dans la protection et la promotion des personnes handicapées, interpelons les nouvelles autorités politiques à prendre en compte la problématique du handicap consigné dans leur projet de société, dans la rubrique « Développer le Capital Humain », en son point « 2.8. Réduire les inégalités sociales » : Favoriser l’accès à des emplois adaptés à au moins 50% des personnes handicapées. Nous exhortons les futurs membres du gouvernement à respecter et à faire respecter leurs engagements ci-dessous :

•    Mieux répertorier les effectifs des personnes porteuses du handicap par catégorie et par commune ;
•    Améliorer l’accès des personnes porteuses du handicap aux services sociaux (sante, éducation, formation professionnelle, transport etc.) ;
•    Planifier les actions précises en vue de leur intégration effective aux formations et aux emplois pour lesquelles ils présentent des aptitudes ;
•    Organiser des activités génératrices de revenus adaptées aux situations des personnes vivant avec un handicap. (Cf. Programme de société 2015).

Nous terminons cette déclaration en réitérant nos sincères félicitations au nouveau Président du Faso, élu démocratiquement ainsi qu’à tous les candidats et le peuple burkinabè tout entier pour cette leçon de démocratie.

Ont signés pour :

Le Président de PHARE International
M. Soumaila TRAORE


Le Président du CAJE
M. Boukary KIEMA

Le Vice-Président de l’AEEHB
M. Mamadou OUEDRAOGO   
                 

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