Handi Talent
janvier 21, 2015
« Handi talent » ou quand handicap ne signifie pas manque de talent
Reine Ankouandambou vit avec un handicap. Elle est aussi artiste musicienne. Présidente de l’association «Claire vision», elle ambitionne organiser un festival nommé « Handi talent»
dans le but de promouvoir les œuvres des personnes handicapées, quel
que soit le domaine. Première du genre au Burkina Faso, le festival est
prévu pour se tenir à Pô du 25 au 28 février 2015. Nous l’avons
rencontrée pour en savoir plus.
Burkina24 (B24) : Qu’est-ce que « Handi talent » ?
Reine Akouandambou (R.A) :
C’est un festival qui va regrouper les artistes et les artisans
handicapés dans le but de promouvoir leurs talents. Généralement, on
voit derrière le handicap, l’image de la mendicité, de la misère. Alors
que les personnes handicapées ont aussi des atouts. C’est ce qu’on veut
montrer à travers ce festival.
On voudrait que tous les artisans
handicapés, quel que soit le secteur dans lequel ils excellent, viennent
exposer. Et que les artistes aussi viennent démontrer leurs talents
artistiques pour montrer qu’en dehors du handicap qu’ils vivent, ils ont
quelque chose qu’ils peuvent apporter pour le développement du pays.
B24 : Qu’est-ce qui a motivé cette idée ?
R.A: Ce qui a motivé
cette idée, c’est que, nous, personnes vivant avec un handicap, avons du
talent mais n’avons pas de plateaux pour nous exprimer.
En plus de cela, j’ai été l’invitée d’honneur de «handi festival»
qui se passe au Sénégal. J’y suis allée deux fois. J’ai vu à travers ce
festival, comment les personnes handicapées sont vraiment valorisées.
Je me suis dit : «Pourquoi ne pas
faire un festival pareil ici parce qu’il y a beaucoup de personnes qui
vivent avec un handicap au Burkina et il y a parmi eux de nombreux
artisans et artistes ».
Ce festival sera un cadre idéal pour eux
de s’exprimer et je me dis que beaucoup de talents cachés vont se faire
découvrir et avoir des promoteurs.
Il est vrai que c’est la personne
handicapée qui est prioritaire à ce festival mais c’est ouvert aux
personnes valides. Du moment où nous prônons l’inclusion, il faut que
les organisations des personnes handicapées incluent des personnes
valides.
Ainsi, quand les personnes valides auront leurs activités, elles penseront aux personnes handicapées.
B24 : Pourquoi avoir délocalisé le festival à Pô alors que vous résidez à Ouagadougou?
R.A : Tout d’abord, je
suis native de Pô. Nous voulons promouvoir aussi la décentralisation. La
plupart des festivals se tiennent à Ouaga. Il y a beaucoup de villes
qui ont des potentialités touristiques à faire découvrir comme Pô. Il y
a les cases gourounsi que les festivaliers pourront découvrir et
d’autres sites comme le Nazinga, la case de Binger.
B24 : Vous dites vouloir réunir plus de mille participants de la sous -région et du Burkina. Comment allez-vous vous y prendre ?
R.A : Nous avons envoyé des invitations. On avait voulu que des partenaires nous accompagnent dans ce sens.
Mais jusqu’à ce stade, nous n’avons pas
encore reçu de réactions de potentiels partenaires. Pour une première
édition, je crois que l’essentiel est de pouvoir mobiliser la grande
partie des Burkinabè.
Au Sénégal, il y a plusieurs artistes et
artisans handicapés qui voudraient venir mais vu le manque de moyens, on
est en train de réfléchir toujours. On espère que des partenaires
réagiront.
L’inquiétude, c’est de pouvoir prendre en
charge les artistes et les exposants. Connaissant les conditions des
personnes handicapées, elles ne pourront pas se déployer elles-mêmes
pour venir participer. Voilà pourquoi on recherche de l’accompagnement,
le minimum possible, juste pour transporter les gens, les loger et les
nourrir.
B24 : A quel stade de l’organisation êtes-vous actuellement ?
R.A : Il y a un comité à Ouaga et un autre à Pô. Avec le ministère de la culture, je suis en négociation pour des cars.
Pour les logements, je suis en discussion
avec de potentiels partenaires de Pô, des familles qui peuvent héberger
et ainsi que quelques hôtels.
B24 : Y-a-t-il un montant pour participer ?
R.A : Il n’y a pas de montant à payer pour les exposants handicapés.
Mais pour les valides qui voudraient nous
accompagner, ils pourraient donner une contribution. Mais si les moyens
sont réunis, les stands pourraient être gratuits pour tout le monde.
B24 : Y a-t-il des personnes qui sont déjà intéressées?
R.A : Presque tous les
artistes handicapés sont d’office intéressés, et voudraient participer.
Les différentes associations qui travaillent dans l’artisanat sont
intéressées. Ils attendent de voir s’ils doivent se prendre en charge ou
pas. D’ici la fin du mois, on aura déjà une idée.
Je profite de Burkina24 pour lancer un
SOS à tous les Burkinabè d’abord, parce que c’est sur eux qu’on compte
en attendant que d’éventuels partenaires se prononcent. Toute bonne
volonté qui voudrait bien nous accompagner sera la bienvenue.
Comme toute première édition, ce n’est pas facile. Mais on tient à sa réalisation.
Propos recueillis par Reveline SOME
Burkina24
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